16 Juin 2021  Lef_viol Commentaires 1 Commentaire

Victime de violences, oui! Mais dois-je être condamnée à le rester pour toujours?

Écrire ou dire au présent : « Je suis victime de violences! », me donne l’impression que c’est encore le cas aujourd’hui, et que les agressions durent dans le présent.

Tournée ainsi, cette phrase sonne pour moi, comme une condamnation à perpèt!

En parlant au présent, je rends « la chose » présente! Donc beaucoup plus proche, plus intense et plus douloureuse! Bien sûr, les conséquences d’un acte passé se déroule aussi sur le long terme et empiète sur le présent! Mais, si on parle de conséquences, des quelles parle-t-on et quelle part d’action me reste-il?

Et au final, ne puis-je pas faire en sorte d’écrire ou dire cette fameuse phrase au passé :

« J’ai été victime d’agressions »?

Je trouve que c’est puissant! Je trouve cette nuance hyper importante! Pas vous?

Dans le second cas, je me sens plus libre et je sens beaucoup moins le poids des agressions. Ici, elles appartiennent au passé! Elles ne sont plus là, elles n’existent (presque) plus dans mon présent; je passe de l’ombre à la lumière!
En agissant ainsi, je ne suis pas dans le déni puisque je reconnais l’existence de ce qui est arrivé. Cependant, je fais preuve de bienveillance envers moi-même en me laissant la liberté de jouer un autre rôle que celui de la victime éternelle. Je me laisse le droit et la possibilité de me décrire et de m’identifier autrement qu’en tant que simple victime de violences!
Je me laisse le champ libre pour devenir créatrice et actrice de ma propre vie en définissant alors, quelles seront les conséquences qui devront restées et celles qui devront s’en aller au final!

Pour cela, je pense que je peux me remercier. Et vous pouvez vous remercier également vous-mêmes pour tous les actes de bonté que vous vous accordez et accorderez!

Alors comment sort-on du rôle de victime?

Comme je le disais, remettre son passé à sa place est une étape cruciale, mais ce n’est pas la seule.

En psychologie, en coaching de développement personnel ou tous les spécialistes en accompagnement/aide aux victimes, vous le diront d’une seule et même voix: AGIR!
Prendre ses responsabilités et considérer que si vous n’êtes en AUCUN CAS responsable d’avoir été agressé, vous demeurerez TOUJOURS responsables du reste de votre vie!

L’agresseur a la responsabilité en ce qui concerne la nature de l’agression, l’agression en elle-même, d’avoir créé des émotions douloureuses et négatives, d’avoir bouleversé toute notre vie, anéanti notre confiance en nous, en la vie et l’autre… etc…
MAIS en AUCUN CAS de la manière dont nous allons y réagir, ni de ce que nous en ferons ensuite! Ça c’est de notre ressort uniquement! Et heureusement! Car nous conservons cette part salutaire de libre-arbitre, qui fait de nous des êtres libres! Laisser ce pouvoir à quelqu’un d’autre en revient à se condamner à perpèt, au risque de se soumettre, à nouveau, à des événements qu’on n’a pas choisi et qui ne nous conviendraient pas!

Donc en gros:
 » Ok! Je me retrouve avec un truc pourrave dans les mains, je fais quoi de ce truc-là maintenant? Je le garde ou je le jette? « 

ON LE JETTE, pardi! Par-dessus bord! Poubelle! Allez hop! Loin!!!
Le plus vite possible bien sûr, mais on sait tous que ça prend du temps! Ce temps est nécessaire, légitime et à l’appréciation de chacun-e!

Et ça! Y a que soi-même qui puisse le faire! Et c’est en ça qu’on est responsable!

La manière d’agir sera propre à chacun-e (ordre de priorités, durée, intensité du vécu, investissement…) Mais certaines choses restent universelles, selon moi: comme le besoin d’être reconnue victime et uniquement victime, le besoin de ressentir ces émotions jusqu’au bout, même si c’est difficile par moments et celui de faire entrer un maximum de bienveillance autour de soi.

Bienveillance, patience et persévérance sont des clefs. Et quelle joie de les avoir avec soi au quotidien!