Le Pardon

Le Pardon

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Pardonner. Ce mot traditionnellement porteur d’amour semble, ici, complètement déplacé et peut même sonner comme une injure!
Pardonner dans le cadre de violences sexuelles, de viols, donnerait l’impression de causer une profonde injustice, aggraver la blessure et creuser un déséquilibre abyssal et douloureux!

Ce mot-là, direz-vous, n’a aucunement sa place ici et l’idée même de pardonner l’impardonnable n’a rien de noble, ni de bien mais deviendrait profondément indécent! Alors, vous auriez envie de me crier quelque chose du genre: « Allez stop! On arrête les bêtises et fermez votre bouche définitivement, si c’est pour sortir des âneries pareil! » (en beaucoup moins poli, évidemment!)

Et pourtant, si vous saviez à quel point cela rendrait votre vie plus douce!

Oui! Mais à condition de pardonner du fond du coeur.

Que signifie réellement « Pardonner? »

Le dictionnaire Larousse définit le Pardon de la façon suivante:

” Fait de ne pas tenir rigueur d’une faute ; rémission d’une offense : Accorder son pardon. »

C’est-à-dire qu’on ne nourrit pas de rancune ou de colère, à l’égard d’une faute commise ou à l’encontre d’une personne.

Il me paraît important d’ajouter d’autres éléments, car très peu de gens savent ce que pardonner signifie REELLEMENT. C’est un mot utilisé avec beaucoup de banalité et de légèreté, sans qu’il y ait une réelle prise de conscience de sa signification et de sa puissance.

Pardonner vous rend indépendant de la source de votre souffrance.
Vous devenez libre de la laisser là où elle est et vous d’avancer.

Pardonner ou mourir

Mon ex, A, m’a violée presque tous les soirs pendant plus de 2 ans et régulièrement encore après notre séparation. Comme je l’ai expliqué dans l’article « pourquoi j’ai été violée », la prise de conscience de tout ça, m’a violemment précipitée dans les affres de la douleur, de la colère et du désespoir.
J’étais si désespérée que j’étais résolue à me suicider. J’étais intimement convaincue de mon incapacité à rendre mon fils heureux et qu’une mère qui avait sombré aussi loin, ne pourrait que l’entraîner au fond avec elle! Il fallait que je le préserve. Je croyais sincèrement qu’il ne perdrait pas grand chose et qu’il serait bien mieux sans moi! Je me percevais même comme une menace pour sa santé mentale et son épanouissement! Mourir, en plus d’abréger mes souffrances, le sauverait de sa pauvre mère!

Comme je n’avais reçu ni crédit, ni soutien de ma famille, je n’avais pas de ressource. J’étais seule et vaincue. Par-contre, je savais qu’elle accueillerait mon adorable garçon à bras ouverts et que chacun se donnerait les moyens de le choyer pour qu’il soit heureux.
Je l’imaginais ainsi, jusqu’à ce que je prenne conscience que c’était l’homme qui m’avait mise dans cet état qui allait l’élever! En effet, la garde de mon fils serait naturellement revenu à son père. Et ce dernier l’aurait éduquer à sa façon à lui. L’idée que mon fils puisse devenir, un jour, un prédateur me terrifia plus encore que ma propre souffrance.
Ce fut le déclic. J’ai compris que je devais m’en libérer pour pouvoir remonter et protéger mon petit garçon.
Je n’avais plus le choix. Pardonner, au moins en partie, devenait vital. En quelques minutes, j’avais lâché ma colère contre mon bourreau et retrouvé suffisamment d’apaisement pour être en capacité d’assumer mon rôle de mère, jusqu’à maintenir des liens réguliers et une communication saine avec son père.


Pardonner à cet homme m’a offert de l’apaisement, des forces, de l’énergie, de la dignité, de la place pour autre chose que mon désespoir. Pardonner m’a donné un nouveau souffle de vie.

A qui d’autres pardonner?

A TOUT LE MONDE!

Pour le reste, j’ai mis plus de temps! J’avais paré au plus urgent, le reste suivrait son cours. J’ai pardonné à ma famille, sa lâcheté et son incrédulité. J’ai pardonné à ma boss qui m’a dit qu’avec le temps, je saurais comprendre où est ma part de responsabilité dans les viols que j’ai subi. J’ai pardonné aux hommes que j’ai connu ensuite, d’avoir joué avec ma faiblesse pour obtenir gain de cause (sexuel ou financier). Et avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps, j’ai réussi à me pardonner à moi-même d’en être arrivée là, malgré ma force de caractère et les signes avant-coureurs que j’avais préféré ignorer.

Aujourd’hui, je suis libre.

Pardonner, quand?

Quand on est prêt mais surtout sans attendre quoi que ce soit d’autre qu’un apaisement pour soi-même. Pardonner sans attendre que l’autre demande pardon, car ça pourrait bien ne jamais arriver. Pardonner sans attendre qu’on nous aime davantage, car cela serait source de déception.
Pardonner dès qu’on peut pour pouvoir ensuite utiliser les forces ainsi préservées, pour le reste de sa guérison.

Cependant…

Pardonner… C’est bien joli, joli! Mais, on peut continuer à souffrir malgré la meilleure volonté du monde!

Parfois, on tourne en boucle et on coince dans sa souffrance, même en s’étant sincèrement pris en main!
En fait, j’ai réalisé, grâce à une séance avec une psy (pour autre chose que ce qui nous occupe ici), que pardonner peut ne pas être suffisant pour éliminer toute la souffrance.

En effet, je nourris encore de la colère envers ma famille, malgré une volonté farouche de paix et de lâcher prise.

Quelque chose me retient depuis très longtemps.

J’ai (enfin) compris pourquoi:
La première raison est que je n’ai pas encore réussi à me tenir hors de portée et à leur tenir tête à des moments clefs. Si bien que cela génère en moi un sentiment d’insécurité et de peur, qui se traduit par de l’agressivité refoulée et de la colère. En fait, j’ai encore peur d’être leur proie et de recevoir des coups (au sens figuré). Je n’ai pas encore expérimenté de défense efficace, qui me permettrait de me sentir à l’abri en rompant l’emprise et en les tenant à distance.
Il est impossible d’échapper à toutes les agressions, volontaires ou non, du monde qui nous entoure, mais on peut apprendre à s’en protéger.

Une seconde raison est apparue: Mes émotions restent bloquées au niveau de la mémoire immédiate et ne passe pas dans la mémoire à long terme. Donc, c’est comme si les maltraitances de ma jeunesse dataient seulement d’hier.
L’EMDR ou l’hypnose devraient m’aider à résoudre ce problème. Je l’espère en tout cas!

Une approche intéressante du Pardon proposée par Sadhguru

Sadhguru est un guide spirituel indien de renommée mondiale. Il fait de nombreuses conférences en matière de développement spirituel et personnel. Un jour, on lui a demandé comment fait-on pour pardonner. Je vous invite à visionner cette vidéo. Je ne dis pas que je partage totalement son point de vue, mais je le trouve intéressant.

Ne perdez pas confiance, ni courage! Et sachez qu’on n’est pas obligé de pardonner pour se reconstruire. Le Pardon reste l’étape ultime d’un processus de guérison et de reconstruction.

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